Page:Urfé - L’Astrée, Quatrième partie, 1632.djvu/115

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point de difficulté de vous contenter, sçachant assez qu’il faut que le malade découvre son mal au médecin duquel il desire les remedes. Mais devant que je vous donne la peine d’ouyr ce que vous me demandez, satisfaites, je vous supplie, à ma curiosité, et me dites si vous n’estes pas Astrée ou Diane, parce que l’un des principaux sujets qui m’a rendu ce voyage plus agreable, c’est l’esperance d’avoir le bon-heur de cognoistre ces deux bergeres aussi bien de veue, que leurs noms le sont par tout où la renommée peust voler. – Il y peut avoir, respondit Diane en rougissant, plusieurs bergeres en cette contrée qui se [64/65] nomment Diane, et peut-estre qu’il y en a quelqu’une qui peut avoir esté favorisée du Ciel par-dessus les autres, de sorte que le nom que je porte de Diane ne me fera pas croire pour cela, que ce soit moy de qui vous voulez parler, n’y ayant pas apparence que la Renommée, qui ne se charge que des choses plus rares qui sont en une contrée, ait treuvé en moy sujet de s’employer; mais telle que je suis, je voudrois bien, pour ne démentir ce nom duquel vous avez si bonne opinion, vous pouvoir rendre quelque service qui vous la fist continuer. – Estes-vous, adjousta l’estrangere, la compagne d’Astrée? – Celle-là suis-je bien, repliqua Diane. – Il me suffit, reprit l’estrangere, ce ne sont point les autres Dianes qui peuvent estre en cette contrée, que je desirois cognoistre, c’est vous seule et vostre compagne qui m’avez fait prendre le resolution