Page:Urfé - L’Astrée, Quatrième partie, 1632.djvu/116

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de venir icy, plus volontiers encores que n’ont pu faire les dieux en me le conseillant par leur Oracle. Et à ce mot, elle la vint saluer avec une telle demonstration de bonne volonté que Diane fut obligée d’en faire de mesme.

A mesme instant, Phillis qui avoit cherché Diane par tous les lieux où elle avoit pensé la pouvoir treuver, parut au bout d’une allée qui répondoit en cet endroit, et parce qu’elle vid avec quelles caresses Diane recevoit cette bergere, elle hasta le pas, desireuse de la cognoistre, mais l’estrangere, qui de son costé estoit pressée du desir de voir Astrée, appercevant Phillis, la monstra à Diane, et luy demanda si ce n’estoit point sa compagne. – C’est bien, répondit Diane, ma compagne, mais non pas celle que vous avez envie de voir, car celle-cy s’appelle Phillis, et quoy qu’elle luy cede peut-estre en beauté, si vous puis-je assurer qu’il n’y en a point en cette contrée qui la devance en discretion et en sagesse. – Puis, adjousta l’estrangere, qu’elle est vostre compagne, je ne doute point de ce que vous me dittes. – Elle l’est veritablement, repliqua Diane, et la plus chere qu’Astrée et moy ayons, et telle que je m’assure que vous la jugerez digne d’estre aymée, lorsqu’elle sera cogneue de vous.

A ce mot Phillis arriva, qui fit achever leurs discours pour la saluer, et Diane s’approchant d’elle: Ma sœur, luy dit-elle, caressez cette estrangere, et l’aymez pour l’amour de moy, puis