Page:Urfé - L’Astrée, Quatrième partie, 1632.djvu/131

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Diane alors en sousriant: Je voy bien, dit-elle, qu’il n’y aura que moy qui observe à Astrée ce que nous luy avons promis. – Et moy, adjousta Alexis, je prendrai la place de Phillis, et je m’oblige de rendre la fidelle amitié à cette bergere qu’elle luy avoit jurée. – Ne pensez pas, madame, reprit Phillis, et je manque envers elle à ma promesse, car elle sçait bien que nous avons autrefois donné parole à deux personnes d’une si ferme et entiere affection, que si elle n’en estoit acquitée par autre moyen que par sa volonté, je la pourrois accuser de parjure, si elle faisoit la resolution de laquelle elle me menace. – Il est vray, respondit Astrée en souspirant, aussi ne vous veux-je pas blasmer de ce que vous faites, non plus que vous ne me devez reprocher mon malheur passé.

Leurs discours eussent duré d’avantage, n’eust esté qu’en mesme temps Astrée se trouva vestue; mais d’autant qu’Alexis estoit plus grande qu’elle, et que par consequent sa robe luy estoit trop longue, Diane et Phillis luy en grossirent les replis si justement tout à l’entour, qu’il semloit qu’elle eust esté faite à sa mesure. La druide d’autre costé ayant opinion d’avoir assez contre-fait la malade, craignant mesme que si elle demeuroit au lict, sa chemise quelquefois non pas assez bien jointe, descouvriroit les deffauts de son sein, se resolut de sortir du lict, et de s’aller promener dans le petit bois de couldre avec Astrée, prevoyant qu’autrement, si elle demeuroit dans la chambre, elles n’y seroient jamais seules, et que