Page:Urfé - L’Astrée, Quatrième partie, 1632.djvu/147

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vous cacher, et à elle, et à moy. – Mon serviteur, interrompit Alexis en sousriant, si vous ne voulez que je vous accuse de la mesme faute que vous blasmez en Diane, il faut que vous me disiez ouvertement ce qui en est. – Ma maistresse, réspondit incontinent Astrée, je n’ay garde de vous taire chose quelconque que vous desiriez sçavoir de moy; mais afin que cette bergere n’ait pas occasion de s’en plaindre, commandez­le moy, et je vous le diray. – Je vous le commande, dit incontinent Alexis, et avec le plus souverain pouvoir que vous m’ayez donné sur vous.

Astrée alors voulant parler, Diane courut luy mettre la main devant la bouche pour l’en empescher, mais elle, s’en démeslant, et mettant Alexis entr’elles deux: Voyez-vous, Diane, luy dit-elle, quand il y iroit de ma vie j’obeyray à ma maistresse, puis qu’elle me l’a commandé. – Madame, dit alors Diane, croyez-moy, ne prenez point la peine de l’escouter, elle ne vous peut rien dire qui soit veritable, ny qui merite que vous y perdiez le temps; mais si vous le voulez mieux employer, allons ouyr la dispute de Hylas et de Silvandre, qui ne peut estre que fort plaisante, et à laquelle mesme vous avez de l’interest, puis qu’il s’y agist de vostre beauté, et de celle de Stelle. – Nous ferons, respondit Alexis, et l’un et l’autre, puis que vous le voulez, quoy qu’Astrée ny moy ne soyons guieres bien assurées en ces nouveaux habits; car nous irons ouyr cette dispute, et en y allant, cette bergere nous racontera ce que vous ne