Page:Urfé - L’Astrée, Quatrième partie, 1632.djvu/151

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des vostres ou plustost quel signe seulement de vostre volonté a-t’il pu recognoistre, qu’il n’ait observé comme une loy inviolable? Bref, ma sœur, dittes moy, quel respect plus grand se peut rendre, non seulement aux plus puissants de la terre, mais aux dieux mesmes, que celuy qu’il a tousjours eu pour tout ce qui a esté de vous? Si ces choses ne sont des marques tres-assurées d’une parfaitte amour, je m’en remets à tous ceux qui quelquesfois en ont ouy parler. – Ma sœur, respondit froidement Diane, vous me dittes tant de choses de Silvandre, que je voy bien que vous croyez ce que vous en dittes, mais moy qui ne les ay ni veues ny voulu voir, j’en croy ce que Laonice m’en a raporté, et si les signes que vous dittes avoir remarquez en luy, sont des tesmoignages d’amour, pourquoy ne le seront-ils pas de l’amour qu’il porte à Madonte? – Par ce, repliqua Astrée, qu’il vous a dit en ma presence, cent et cent fois, que c’estoit pour vous qu’il mourait d’amour. – Les hommes, dit Diane, se plaisent à se mocquer ainsi des filles [86/87] qui les escoutent, et ne pensez-vous point qu’en particulier il n’en ayt dit davantage à sa chere Madonte? Mais si je ne me trompe, et s’il ne se mocque que de celles qui le croyent, ce ne sera jamais de moy, pour le moins à l’advenir.

– A ce que je vois, interrompit Alexis, vous croyez contre Silvandre tout ce que l’on vous a dit, comme si vous l’aviez veu. – Je le croy, madame, respondit Diane, parce qu’il est vray, mais je l’en quitte de bon cœur; et je vous assure que je