Page:Urfé - L’Astrée, Quatrième partie, 1632.djvu/32

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ils vous avoient ourdie. Que s’il vous eust pleu de la verifier alors, vous l’eussiez fait fort aisément, car ce trompeur estoit encores dans le bois de Savignieu, où il continuoit ses finesses. – Ah! Leonide, repliqua la nymphe, je m’en souviens, mais malaisément l’eussions-nous peu si bien faire, que le temps seul me l’a depuis fait recognoistre. Car il faut que vous sçachiez qu’Amasis en estoit aussi abusée que moy, et que jamais elle n’eust souffert que ce meschant homme eust esté chastié comme il le merite. Mais voyez comme il n’y a rien de si caché que le temps ne descouvre : ma mere a depuis recogneu que c’est un imposteur, d’autant que tout ce qu’il nous a dit de Clidaman, s’est trouvé entierement faux, si bien que maintenant elle le hayt autant que vous et moy le sçaurions hayr. – Je suis bien aise, reprit Leonide, que la meschanceté de cet homme ait esté recogneue, et plus encore, que vous ne soyez plus en l’erreur où il vous avoit mise; mais j’eusse eu un grand contentement de le voir chastié pour faire peur aux autres, ses semblables. – Ne vous en mettez point en peine, dit Galathée, je croy que vous en verrez bien-tost la vengeance; car il faut que vous sçachiez qu’il est revenu depuis quelques jours, et que c’est le suject que j’ay pris pour vous faire retourner icy. – Comment? madame, s’escria d’aise Leonide, cet imposteur est revenu? – Il l’est, vous dis-je, repliqua la nymphe, et il a bien des affaires de plus d’importance, à ce que l’on croit, car c’est le grand conseiller