Page:Urfé - L’Astrée, Quatrième partie, 1632.djvu/33

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du traistre et outrecuidé Polemas. – Mon Dieu! madame, adjousta Leonide, que vous me rendez contente lors que je vous oy parler ainsi de ces deux meschants hommes! Mais, s’il m’est permis de le vous demander, [15/16] qu’est-ce qu’ils ont fait de nouveau? – Ah! m’amie, dit incontinent la nymphe, ce sont des choses telles que, quand vous les entendrez, vous demeurerez ravie de la perfidie et outrecuidance de nous deux; mais le silence est tellement important en cecy, qu’il n’y va rien moins que de nostre perte de toutes, et de la ruine de toute la contrée. Et toutesfois, pour vous tesmoigner que je ne suis plus mal satisfaite de vous, et qu’au contraire, je vous ayme plus encore que je ne soulois faire, car, en vostre absence, j’ay mieux recogneu l’amitié que vous me portiez et vostre discretion, je veux vous confier une chose, qu’il n’y a qu’Amasis, Adamas, et moy qui la sçachions.

Et lors, s’estant teue quelque temps, elle reprit ainsi: Vous sçavez, Leonide, que, lorsque cet affronteur estoit au commencement à Savignieu, ma mere, aussi bien que nous toutes, alla sçavoir de luy ce qui arriveroit du voyage de mon pauvre frere Clidaman. Ce trompeur, entr’autres choses, luy dit, qu’apres avoir acquis beaucoup d’honneur et de gloire, il reviendroit en santé, et plein de contentement. Tout au contraire, il y a quatre ou cinq jours que nous eusmes des nouvelles de Lindamor, par lesquelles il nous advertit que Clidaman est mort, et luy tellement blessé, qu’il a esté contraint de s’arrester avec la reyne Methine