Page:Urfé - L’Astrée, Quatrième partie, 1632.djvu/39

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

a esté ennuyeuse, le recouvrement leur en a esté tant plus agreable.

Leonide recogneut incontinent le sujet qui faisoit ainsi parler la Nymphe. C’est pourquoy elle respondit fort froidement: C’est sans doute, que ce recouvrement, duquel vous parlez, leur eust rapporté beaucoup de contentement, car ce berger estoit grandement aymé de tous ceux qui le cognoisssoient. – Et comment? interrompit la Nymphe, Celadon n’est-il pas retourné vers elles? – Nullement, madame, dit Leonide, avec la mesme froideur, et tant s’en faut, elles n’y pensent presque plus. – Et Astrée, reprit Galathée, n’en parle point? – Si fait, dit Leonide, mais jamais, si quelqu’autre n’en commence le discours. – Et quoy! ne l’aimoit-elle plus, dit la Nymphe, ou quelqu’autre a-t’il pris sa place? – Je croy, respondit Leonide, qu’elle l’aimeroit bien en vain, car l’opinion de chacun est qu’il soit mort. – Je vous assure, continua alors Galathée, que je plains sa perte, si cela est vray, car c’estoit un des plus accomplis hommes de sa condition. Et il faut que je vous die la verité: la tromperie de Climante me donna bien au commencement la volonté de le cherir, mais depuis que je le vis, ses propres merites m’y convierent bien davantage. Cest dommage, s’il est mort, qu’il ait si peu vescu, et quoy que vous m’en sçachiez dire, je croiray difficilement, quelque mine qu’en [19/20] fasse Astrée, qu’elle n’en ayt toute sa vie le regret bien profond dans le cœur, car moy qui n’y suis pas tant obligée qu’elle, je ne m’en puis souvenir sans desplaisir. Mais, adjousta-