Page:Urfé - L’Astrée, Quatrième partie, 1632.djvu/40

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t’elle, il est tard, retirez-vous, et vous souvenez d’aller demain avec vostre compagne Silvie recognoistre si c’est Climante, et non point quelque autre abuseur comme luy, qui est auprs de nos jardins de Montbrison, car cette affaire nous touche un peu davantage.

Tels furent les premiers discours que Galathée tint à Leonide en particulier, desquels elle demeura assez bien satisfaite. Et toutesfois il luy sembla recognoistre que la Nymphe n’estoit pas si bien guerie du mal que Celadon luy avoit fait, qu’elle en faisoit le semblant; et sur cette opinion, elle se resolut de ne luy rien descouvrir de ce berger qui luy en pust renouveller le souvenir, sçachant assez qu’un flambeau nouvellement esteint se rallume mesme par la fumée. Et parce qu’elle ne vouloit point manquer au commandement qu’elle luy avoit fait, estant de si grande importance, apres l’avoir dit au grand druyde qui luy donna quelques enseignements pour mieux abuser ce trompeur, elle s’accompagna de Silvie, et le plus tost qu’elle put, s’y en alla, avec tant de contentement de voir son innocence recogneue, que ce fut presque tout le discours que par les chemins elle eut avec sa compagne.

Lors qu’elles arriverent sur le lieu, elles furent au commencement en doute que ce fust Climante, car elles y trouverent toutes choses tellement changées, qu’elles n’y recognoissoient rien de ce qu’elles y avoient veu autrefois, d’autant qu’au lieu de ce petit temple fait de clisse, et couvert