Page:Urfé - L’Astrée, Quatrième partie, 1632.djvu/69

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augmenté depuis que la nymphe s’en est allée, ne s’allegera point par le repos. – Madame, adjousta Phillis, je crois avoir ouy dire, qu’au mal que vous avez, le dormir est un des plus souverains remedes. – J’ay fait, repliqua la druide, tout ce que j’ay pu depuis le départ de Leonide, mais il m’a esté impossible de clorre l’œil, et il me semble que le silence, et les fascheuses pensées me le redoublent, si bien que je croy que le meilleur est de se divertir, ayant ouy dire plusieurs fois, que le mal bien souvent s’en va, quand il void que l’on ne se ressouvient pas de luy. – Et que faudroit-il donc, madame, que nous fissions, dit Astrée, pour faire perdre le souvenir de ce fascheux mal? – II faudroit, respondit Alexis, que vous vinssiez vous habiller auprés de moy, et que, comme c’est la coustume de toutes deux, pour vos agreables entretiens, vous fissiez escouler le temps, qui ne sera que trop long, si ce mal me continue. – Pour m’aller habiller auprés de vous, madame, dit Astrée, je le feray par vostre commandement, n’y ayant pas apparence qu’autrement j’en eusse la hardiesse, mais pour entreprendre de vous entretenir, et accourcir ces fascheuses heures, je suis bien marrie de n’en avoir pas l’esprit. Toutesfois je ne laisseray de m’y essayer, car quelquefois le Ciel, qui favorise les bonnes intentions, supplée au defaut que nous avons; et puis, quoy qu’il en arrive, nostre excuse sera, ce me semble, recevable, quand nous dirons que c’est pour vous obeyr.