Page:Urfé - L’Astrée, Quatrième partie, 1632.djvu/83

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parmy elles, que d’autant qu’elles temoignent je ne sçay quoy, que veritablement et vous et moy ressentons l’une pour l’autre. – Je reçoy, dit Astrée, cet honneur avec mille sortes de remerciement, et avec protestation et vœu que je fais à la deesse Vesta, comme esperant luy estre un jour dediée, qu’à jamais non seulement de nom, mais d’effect, je vous tiendray pour ma maistresse, et je seray vostre serviteur.

Alexis alors en sousriant: Je voulois, respondit-elle, que ce fust vous qui eussiez le nom de maistresse, mais puis que vous avez choisi, je le vous laisse pour commencer à vous rendre tesmoignage que je ne veux que ce qui vous plaist. Et lors, luy tendant la main: Donnez-moy, continua-t’elle, mon serviteur, la vostre, en signe que vous accepez ce nom, et que jamais vous ne romprez l’estroite alliance que nous faisons maintenant, et de laquelle nos mains ainsi serrées ensemble seront à jamais le symbole. Et en mesme temps, je jure et voue au grand Tautates [45/46] Amour, qui est celuy que nous servons et adorons parmy les Carnutes, qu’eternellement je veux vivre avec vous, comme avec la seule personne que je veux aymer parfaittement, et de laquelle aussi je veux seulement estre aymée de cette sorte.

Astrée, alors: Non point une main, dit-elle, mais je vous donne tous les deux, et de plus, le cœur et l’ame, pour tesmoignage que pour vous seule je veux aymer l’Amour, et le hayr pour tout autre, vous vouant et consacrant tous mes desirs et toutes mes affections. Et si je