Page:Urfé - L’Astrée, Quatrième partie, 1632.djvu/92

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oux,

Car me faisant pour vous, devoit-elle pas faire

Autant de cœurs en moy, que de beautez en vous? [50/51] IV

Toutesfois, si mon œil peut dire à ma pensée

Tant de perfections qui vous font admirer,

Glorieuse beauté, cessez d’estre offensée

Que, n’ayant que ce cœur, j’ose vous adorer. V

Un soleil dans le ciel d’un eclat admirable

Reluit plus que ne font tous les feux de çà bas;

De vous aymer aussi mon cœur est plus capable

Qu’un million de cœurs sans luy ne seroient pas. VI

Qui peut taxer les dieux? C’est leur pouvoir supreme

Qui fait que je vous ayme outre ma volonté.

N’est-ce pas commander à mon cœur que je l’ayme,

Faisant voir à mes yeux vostre extreme beauté? VII

Si toutesfois, poussé d’un excez de justice,

Quelqu’un ma passion veut aller accusant,

Qu’il s’en vienne vous voir, et puis qu’il me punisse,

Si vous voyant, son cœur en peut bien estre exe