ce courage barbare au lieu de s’amolir par ces faveurs, se rend plus altier et insuportable ; d’amy, il devient ennemy, et se porte, non pas comme un prince appellé pour secourir une princesse affligée, mais comme un conquerant qui a sousmis par armes et apres une longue guerre une province ennemie. Il donne donc la ville en pillage et, sans pardonner non plus aux choses sacrées qu’aux prophanes, il despouille les temples de leurs vazes, de leurs thresors et des raretez dont la devotion du peuple, et des empereurs Romains les avoit enrichis par tant de siecles. Et apres que ceste confusion eut duré quinze jours, il courut une partie de l’Italie et vint jusques à Parthenopé, où toutesfois il ne fit que perdre son temps et gaster le plat pays. Et se voyant outré, s’il faut dire ainsi, de toute sorte de despouille, il s’en retourna en Affrique, ayant chargé ses vaisseaux de tout ce qu’il avoit trouvé de rare dans la ville. Mais, helas ! ne se contentant pas des choses inanimées, il ravit encore les personnes qu’il jugea luy pouvoir estre utiles, et entre les autres, ô Dieux ! il emmena la belle Eudoxe et sesdeux filles, Eudoxe et Placidie. J’estois pour lors pres de ceste princesse desolée quand il luy manda qu’elle se tint preste pour trois jours apres. Elle tomba esvanouye, et peu s’en fallut qu’elle ne perdit la vie, et plust à Dieu qu’elle et moy fussions morts à l’heure ! pour le moins elle n’auroit
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