Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/1004

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de celles qui estant prises et dans la ville et par la campagne, estoient emmenées avec le reste du butin en Affrique. O Dieux ! quel regret fut le mien quand je vis mon entreprise faillye ! et que j’avois toute l’armée sur les bras ! car à ce tumulte l’avant-garde recula et l’arriere-garde s’avançant, se joignit presque au dos de la bataille qui n’estoit pas encore passée, de sorte que je fus environné de tous costez d’un si grand nombre d’ememis que nous fusmes tous deffaits. Quelques-uns se sauverent, mais la plus grande partie y demeura ; quant à moy je demeuray parmy les morts, et fus despouillé comme tel, et cela fut cause de mon bien. Car mes habits estans portez par un soldat, Eudoxe les recogneut, et les montrant à Olimbre qui ne l’abandonnait point, tout ce qu’elle peut dire ce fut : Ursace en fin a trouvé le repos que la fortune luy ar tousjours refusé. Et, à ce mot, s’esvanouit dans la lictiere où elle estoit.

Olimbre courant apres celuy qui portoit mes habits, s’enquit de luy où il les avoit pris, et luy ayant dit l’endroit, il partit incontinent, et chercha tant qu’il me trouva. Quels furent les regrets que son amitié luy fist faire, il n’y a personne qui les puisse redire ! Tant y a qu’ayant eu permission du Vandale de me rendre les derniers devoirs, il s’en revint à Rome où il me fit raporter, n’ayant osé asseurer