Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/1022

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retirer, et luy portant des habits d’esclave, le fis coucher dans une pauvre maison, où je l’accommoday de tout ce que je peus. Il advint qu’Olimbre le lendemain faisant semblant de chercher le corps de son amy, trouva celuy. du vieux mire, pere des deux fiiles qui estoyent retirées avec luy, et le leur remettant entre les mains, elles luy rendirent les derniers devoirs de la sepulture, comme si le Ciel n’eust pas mesme voulu que cet heureux vieillard eust esté privé de quelque heur qui peust arriver aux hommes, mesme apres leur mort. Sur son tombeau, à la requeste de ses sages et honnestes filles, je fis ces vers.

Epitaphe d’un homme heureux


Enfant chery de tous, nourry de pere et mere,
Jeune sans point de peine, etsans mauvaises mœurs,
Puis homme, j’ay vescu, sans fortune contraire,
Et vieux sans maladie ; à la fin si je meurs,
C’est que la mort à tous est chose necessaire.
Passant, ne trouble point maintenant, mon repos,
Et toy, terre, à jamais sois legere à mes os.

Quelques jours apres, Olimbre renvoya en