Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/1029

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femme, sinon de servir une druide ou vestale. Et j’advoue qu’en cela je suis encor novice, ne m’estant jamais rencontré à propos pour en faire l’apprentissage, et pense que les dieux m’ont cette belle Alexis, à fin que je me puisse vanter d’estre le plus parfait et capable amant qui fut jamais.

Tous ceux de la trouppe se mirent à rire, oyant le dessein de Hylas, et Florice prenant la parole : Et quoy ? Hylas, dit-elle, ne craignez-vous point le fouldre de Tharamis, recherchant ceste fille qui luy est dediée ? – Et pensez-vous, dit-il, en haussant la teste, comme par mespris, que tout ce qui est au monde ne, soit pas à luy, sans qu’il luy soit dedié ? Et vous, Florice, qui estes si religieuse envers les dieux, n’estes-vous pas à Tharamis ? Et toutesfois n’avez-vous pas eu mille fois Teombre entre vos bras, sans qu’une il ait esté foudroié ? – Vous avez raison, dit froidement Florice, mais je pensois que les choses deffendues offençoient plus les dieux, que celles qui estoient indifferentes. – Voilà, respondit Hylas, une bonne excuse et bien trouvée. Et dittes-rnoy, je vous supplie, où avez-vous trouvé que les dieux ayent fait cette deffence ? – Si vous aviez quelquefois, dit-elle, veu recevoir une druide ou vestale par leurs anciennes, vous ne feriez pas ceste demande. – J’entens bien, dit Hylas, que ces vieux druides font les deffences que vous dittes, mais ils ne sont pas des dieux; et partant, la deffence n’est faite que par des hommes, et des hommes encores qui estant vieux, sont marris que les jeunes jouissent des douceurs desquelles par l’impuissance de leur sage ils sont privez. – Ah ! berger, dit Tircis, ne meslons jamais les choses sacrées avec.les prophanes, et vous souvenez que du temple