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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/110

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ce qu’on vouloit respondre à ce qu’il avoit dit. Et lors Thamire s’avança, mais Leonide luy dit que c’estoit à Celidée à parler la premiere, puis que Calidon avoit touché en premier lieu ce qui la concernoit. Cela fut cause que le berger se remettant en sa place, Celidée par le commandement de la nymphe, rougissant d’une honneste honte, print ainsi la prole :

Response de la bergere Celidée

Je suis si peu accoustumée, grande nymphe, à parler du subjet qui se presente, et mesme en si bonne compagnie, que vous ne devez point douter de la justice de ma cause, encor que vous me voyez rougir, ou que je parle avec une voix tremblante, en begayant presque à chaque mot. Que si je n’estois asseurée que la raison que j’ay de n’aymer point ces bergers, est si claire d’elle-mesme, qu’elle n’a besoin d’artifice pour estre mieux veue de vous, je n’aurois pas la hardiesse d’ouvrir la bouche pour ce subject, sçachant bien que ce seroit inutilement, tant pour le defaut d’esprit qui est en moy, que pour la trop grande eloquence qui est en Calidon, qui a parlé de sorte qu’il a bien faict paroistre qu’il estoit au rembours de moy, puis qu’il mendie de foibles raisons seulement