Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/111

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pour accompagner l’abondance de ses paroles. Et moy, je ne cherche que des paroles à mes raisons, en ayant tant, et de si fortes, que pour peu que je vous les puisse desduire, je tiens pour certain que vous cognoistrez que c’est avec raison, que n’ayant jamais aymé Calidon, je ne dois point commencer à ceste heure, ny continuer, ou pour mieux dire, renouveller l’affection que j’ay portée à Thamire, puis que j’ay tant d’occasion du contraire.

Mais par où commenceray-je ? et qu’est-ce qu’en premier lieu je dois alleguer, ou à quelle divine puissance faut-il que je recoure pour estre assistée en ce perilleux combat où je suis attaquée, non par l’amour, mais par ces monstres d’amour ? Perilleux combat veritablement le puis-je nommer, puis que tout mon heur et mon malheur en dependent, et monstres d’amour sont-ils bien, puis qu’ils se veulent faire aymer par force, et contraindre d’aimer et de hayr à leur volonté.

J’ay ouy dire à nos sages druides que ce grand Hercules que nous voyons eslevé sur nos autels avec la massue en la main, l’espaule chargée de la peau du lyon, et avec tant de chaines d’or qui luy sortoient de la bouche, qui tiennent tant d’hommes attachez par les aureilles, fut jadis un grand heros, qui par sa