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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/113

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par toy devant son trône, pour en recevoir le jugement ? Et que dois-tu attendre pour response de moy, sinon que d’autant qu’amour l’ordonne, ainsi je ne le veux pas faire ? C’est bien à propos pour me convaincre de deffaut, de m’appeller devant celuy qui n’est que deffaut. Ne pense point, berger, que pour ma deffence j’use d’excuse envers luy ny envers toy, tant que tu ne allegueras point de meilleues raisons que celles de ses ordonnances ; car tant s’en faut que je vueille nier de n’y avoir point contrevenu, que je fais gloire de les avoir desdaignées. Mais je te supplie, quand j’auray observé ce qu’il m’ordonne, quand je me seray contrainte de vivre selon sa volonté, quelle glorieuse recompense en dois-je attendre ? Voilà, dira-t’on de moy, pour tout payement de mes peines, voilà la fille de tout la contrée la plus amoureuse. Le beau et honnorable tiltre pour une fille bien née, et qui desire passer sa vie sans reproche ! Ne m’appelle, ô berger, devant ce trône de qui je veux recognoistre la puissance, et de laquelle je me declare dés maintenant ennemie. Que si tu veux que je te responde, allons tous deux devant la vertu ou la raison, et certes je pense qu’à laquelle que tu vueilles sousmettre, il ne faut point que nous allions que devant cette grande nymphe, qui