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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/114

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prend la peine d’escouter nos differents. Ce sera donc devant ceste raison, et ceste vertu, que je responderay à ce que tu as dit, qui, ce me semble, se peut rapporter à trois points : à sçavoir que je te dois aymer, parce que tu m’as aymée, et que je l’ay sceu ; parce qu’en ta maladie les faveurs que tu as receues de moy, et qui ont, dis-tu, esté cause de ta guerison, m’y ont obligée ; et en fin parce que Thamire m’a donnée à toy. Mais, madame, pour esclaircir toutes ces choses, ne luy commanderez-vous pas qu’il me responde, afin que par sa bouche vous tiriez la cognoissance de la verité ? Je te demande donc, Calidon, avec quel attraict la premiere fois que tu commenças de m’aymer, donnay-je naissance à ton amour ? Tu ne responds point ? A ce mot, voyant qu’il se taisoit : Madame, dit-elle, s’adressant à la nymphe, commandez-luy, s’il vous plaist, qu’il me responde. Et Leonide le luy ayant ordonné : Vous me faictes, dit-il, une demande que vous pouvez aussi bien resoudre que moy. Mais puis que vous la voulez sçavoir de ma bouche, je vous diray que la faveur que je receus de vous ne fut autre que de vous laisser voir à moy au sacrifice qui se fit le sixiesme de la lune. – Estois-je la seule fille, adjousta Celidée, qui assistay à ce sacrifice, et toy le seul berger du hameau qui y fust ? – Toutes les bergers du village, respondit-il, et Presque