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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/127

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m’ayant veue offencer par ces deux bergers, et cognoissant mon innocence, vous avez pris ma protection, et m’avez vengée par mes ennemies mesmes ! Quels desplaisirs ne reçoit point ce perfide, par celuy mesme à qui il m’a voulu donner ? Et quelles peines resent point cest importun persecuteur de mon repos, par celuy mesme qui luy a donné tout le droict qu’il pretend sur moy, maintenant qu’il se veut desdire de ceste impertinente donation ? Qui ne void point en eux le bras de Thamaris, et qui ne recognoist en leur vie l’effect de la vengeance divine ? Que si ceste cognoissance est si Claire, comment dois-je douter, madame, que recognoissant le jugement que les dieux en ont faict par la punition qu’ils leur ont ordonnée, vous ne ratifiez en terre maintenant par vostre sentence, ce que dans les cieux ils ont desja jugé sur ce different ? Ainsi finit Celidée, et faisant une grande reverence à la nymphe, donna cognoissance qu’elle ne vouloit parler d’avantage, qui fut cause que Leonide commanda à Thamire de dire ses raisons, à quoy satisfaisant, il commença de parler ainsi.

Responce du berger Thamire