Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/129

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des bons offices que vous advouez d’avoir receu de moy. Et lors, ces paroles pleines d’artifice, dont vous vous armez à ma ruine, seront employees aux justes reproches que je vous devrois faire maintenant, si je ne vous aymois encores l’un et l’autre, et si ceste affection que je vous porte, ne surmontoit de beaucoup les injures que vous me faictes. Or sus, mes enfans, je les vous pardonne, j’ay bien supporté jusques icy vos jeunesses, je n’ay pas moins de force maintenant ny moins de volonté de les excuser à l’advenir; mais recognoissez-le, et me cognoissez, advouez-le, et dittes que pour pardoner de si grandes mescognoissances, il ne faloit pas une moindre amitié que la mienne.

Je voy bien, madame, que je parle aux sourds, et que je conseille des rochers, qui n’escoutent point mes paroles, si n’ay-je peu m’empescher, avant que de venire aux raisons, de donner cela à l’affection que je leur porte, a fin d’essayer ceste voye plus douce et plus honnorable pour eux, que celle de la contrainte de vostre jugement ; mais puis qu’ils demeurent obstinez, usons du fer et du feu en leurs playes, puis que les doux remedes y sont inutiles. Voicy donc les meilleurs raisons que Calidon allegue : Tu m’as donné Celidée, et tu estois obligé de me la donner par l’asseurance