Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/137

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branches. Que je voye donc cet effect en vostre ame, afin que je croye que veritablement ç’a esté un arbre d’amour, et non pas une plante funeste.

Mais je veux que la faute que j’ay commise en vous quittant soit tres-grande : vous semble-t’il que mon erreur puisse vous donner permission d’en commettre une semblable ? Si vous le jugez ainsi, il n’y a point de doute que, comme en m’esloignant de vous, vous prenez subject de vous esloigner de moy, que de mesme en retournant vers vous, je ne vous convie de vous en retourner vers moy ; ou bien vous advouerez que vous n’avez des yeux que pour les mauvais exemples, et demeurez aveugle pour les bons. Donc vous vous laisserez plus emporter à l’offence qu’à la satisfaction, et vous consentirez qu’aupres de vous le mal ait l’advantage par dessus le bien ? Ceste resolution est indigne de l’ame de Celidée, qui ne promet par sa veue que toute douceur.

Mais vous dittes que vous ayant donnée à Calidon, si j’ay affaire de vous, c’est à luy à qui il faut que je vous demande. Ceste responce me mettroit bien en peine pour le peu de bonne volonté que j’ay recogneue en ce berger, si je ne vous avois ouy dire, qu’il m’estoit impossible de vous donner à luy. Or l’affaire est parvenue en ce point qu’il faut que vous soyez ou à luy ou à moy. Que si vous niez d’estre