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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/138

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mienne à cause de ceste imprudente donation, et bien, Celidée, pour n’estre à Thamire, vous serez à Calidon ; voyez si ce changement vous est plus agreable. Que si au contraire vous refusez d’estre à Calidon, vous ne pouvez nier que vous ne soyez à moy, puis qu’ayant esté mienne, et la donation que j’en avois faicte n’ayant point eu d’effect, toute sorte de droict ordonne que la chose donnée revienne à son premier possesseur. Et vous ne devez vous offenser, comme il semble que vous faictes, de ce que je vous ay sacrifiée pour la santé de Calidon, puis que les hosties que nous offrons aux dieux, sont tousjours les choses plus entieres et parfaictes que nous ayons. Et ne pensez pas pour cela, si je continue de vous aimer, que je sois sacrilege, ny que je profane les choses sainctes et sacrées, puis que nous aimons bien les dieux mesmes, voire c’est le plus grand commandement qu’ils nous facent que de les aimer. Que si, outré ceste amitié, je desire de vous posseder, ne croyez point que je commette offense, ny contre eux, ny contre vous, puis que nous n’avons rien qui ne soit à eux, et que doresnavant je ne vous aimeray pas seulement, mais vous adoreray avec toute sorte de devoir et de submission. Et pour Dieu, ne me demandez plus jusques à quand je vous garderay, et si ce ne sera point pour vous employer encores à la guerison