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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/151

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ne puis croire sans l’offenser infiniment. Car s’il estoit vray, il faudroit de mesme dire que la sienne ne seroit pas accomplie, puis qu’on ne doit tenir pour telle beauté qui est moindre que quelque autre : crime, ce ce semble, de leze Majesté, soit contre ma maistresse, soit contre l’amour. Il ouyt alors que le druide luy respondit : Mon enfant, vous ne devez nullement douter de ce que je vous dis, ny le croyant, craindre d’offenser sa beauté ny vostre amour, et je m’asseure que je le vous feray entendre en peu de mots. Il faut donc que vous sçachiez, que toute beauté procede de cette souveraine bonté, que nous appellons Dieu, et que c’est un rayon qui s’eslance de luy sur toutes les choses creées. Et comme le soleil que nous voyons, esclaire l’air, l’eau et la terre d’un mesme rayon, ce soleil eternel embellit aussi l’entendement angelique qu’en l’ame raisonnable, et en l’ame qu’en la matiere ; mais, comme la clarté du soleil paroist plus belle en l’air qu’en l’eau, et en l’eau qu’en la terre, de mesme celle de Dieu est bien plus belle en l’entendement angelique qu’en l’ame raisonnable, et en l’ame qu’en la matiere. Aussi disons-nous qu’au premier il a mis les idées, au second les raisons, et au dernier les formes.

Il vouloit continuer lors que le berger l’interrompit de ceste sorte : Vous vous eslevez un peu trop haut, mon pere, et ne regardez pas