Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/167

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pas qu’elle ny personne du monde eust meilleure part en vos bonnes graces que moy. – Belle Astrée, respondit Diane, c’est moy qui dois desirer de vous la faveur de vostre amitié, ce qu je fay de telle sorte, que je ne cederay jamais à personne en ceste volonté, non pas mesmes à cette Phillis dont vous parlez, et qui me donneroit bien plus de sujet de jalousie, si je ne cognoisse qu’il est bien raisonnable que mon affection vous soit cognue autant que la sienne, avant que vous m’aimiez autant que vous l’affectionnez. – Ma sœur, luy repliqua Astrée, vos merites surpassent de tant tous les autres, qu’ils ne vous rendent point subjecte pour estre aymée à la loy commune. – Et toutesfois, luy respondit Diane, combien m’a-t’il fallu demeurer aupres de vous, avant que d’avoir obtenu ce bon heur ? – J’advoue, dit Astrée, que j’ay esté aveugle de vous avoir veue, et ne vous avoir particulierement aimée jusques icy, ou il faut confesser que nous ne sommes point maistresses de nos volontez, mais quelque plus haute puissance qui en dispose comme il luy plait. Diane en sousriant et baissant doucement les yeux, luy respondit : Vos paroles, ma sœur, me feroient rougir, si je n’estois du tout à vous ; mais ceste volonté qui me rend telle, me les fait recevoir pour des faveurs, encores que venant de quelque autre je les deusse tenir