Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/168

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pour des mocqueries. – Vous offenseriez, dit incontinent Astrée, et l’amitié que je vous porte, et celle que vous m’avez promise. – Elle m’est, adjousta Diane, trop saincte et trop sacrée pour l’offenser, et par ainsi je croiray pour vous obeir, et pour mon contentement, que ce sont des louanges, que toutes fois je n’advoueray jamais proceder de verité, mais de l’amitié que vous me portez, qui fait voir les choses beaucoup plus grandes que veritablement elles ne sont, ainsi que le verre mis devant les yeux. – Si vous ne me voulez tenir, luy respondit Astrée, pour personne de peu de jugement, croyez que c’est verité et amitié. – L’une ou l’autre, adjousta Diane, ne peut que me contenter infiniment ; car quant à la verité, je l’estime, et pour vostre amitié je la desire par dessus toute chose. Et à ces mots, ouvrant les bras l’une et l’autre, et se les jettant au col, s’embrasserent et baiserent avec une si entiere affection, que Silvandre qui les voyoit, desira plusieurs fois d’estre Astrée, pour recevoir telles faveurs au nom de qui que ce fust. Apres elles se rassirent, et se remettant à l’ouvrage qu’elles avoient laissé, il luy sembla qu’elles le nommoient. Cela fut cause que pour les mieux escouter, il s’approcha davantage d’elles, et passant la veue entre les fueilles et les branches du buisson, il vit que sa maistresse faisoit un brasselet de ses cheveux, qu’il recogneut aisément,