Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/169

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tant pour ce qu’il en avoit ouy dire à Astrée, que d’autant qu’il n’y avoit bergere sur les rives du Lignon, qui les eust semblables. Et lors qu’il commençoit d’estre jaloux que quelque autre les portast que luy, luy semblant que sa seule affection les pouvoit meriter, il ouyt qu’Astrée disoit : Silvandre ne sera pas sans jalousie quand il verra son ennemie plus favorisée que luy. – Je croy, respondit Diane, que ce n’a esté qu’à cette intention qu’elle me les a demandez. – Je le pense aussi, adjousta Astrée, mais vous faites tort au berger, et si vous favorisez l’un plus que l’autre, vous manquez à vostre parolle, ayant promis le contraire. – Ny leur gageure, repliqua Diane, ny l’advantage que je fais à Phillis, ne sont pas de grande importance, outre que le berger ne m’en a point requis. – Et par vostre foy, dit alors Silvandre, se faisant voir à l’impourveue, s’il vous en supplie, les luy accorderez-vous ? Les bergeres furent toutes surprises l’oyant parler, et leur estonnement fut tel, qu’elles demeurerent long temps sans dire mot, et ne faisoient que se regarder l’une l’autre, parce qu’elles craignoient qu’il eust ouy les discours qu’elles avoient tenus quelque temps auparavant qu’il arrivast.

En fin Astrée fut la premiere, qui reprenant la parole, luy dit : Et quoy, Silvandre, vostre discretion vous a-t’elle permis d’escouter les secrets