Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/170

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

d’autruy ? et avez-vous eu si peu de respect à vostre maistresse, lors qu’elle vouloit n’estre ouye que de moy ? – Je ne sçay, respondit Silvandre, de quels secrets vous m’accusez ; mais si fay bien, que la curiosité qui m’a conduit icy, n’a esté que pour ouyr de la bouche de ma maistresse mes propres secrets. Car c’est d’elle et non de moy que je les dois apprendre, et suis tres-marry d’y estre arrivé si tard, puis que les paroles que j’ay ouyes ne m’ont apris autre chose que les nouvelles de ce brasselet dedié encore qu’ avec injustice, à Phillis. – Vous ne devez point, respondit Astrée, estre marry de n’estre arrivé plus tost, puis que vous n’eussiez fait une moindre offence, de desrober ainsi les secrets de vostre maistresse, que celuy qui vola le feu du ciel, et par raison vous n’en devriez pas attendre un moindre chastiment. – Ce ne sera jamais, respondit Silvandre, la crainte du supplice qui m’empeschera d’avoir ceste curiosité ; car j’estime de sorte le moyen de luy rendre preuve de mon affection, que toutes sortes de peines me sont douces pour ce suject. – Et comment, luy dit Astrée, luy en penseriez-vous rendre tesmoignage par cette voye ? – Je le vous diray, belle bergere, respondit Silvandre. Ne seroit-ce pas luy en rendre un tres asseuré, si sçachant ce qu’elle desire estre secret, je le celois, et que par ainsi il ne fust