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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/177

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peu de merite ; et lors Dieu sçait à qui sera cette prochaine victoire dont vous parlez. Silvandre en sousriant, luy respondit : C’est bien mieux la coustume des miserables d’estre envieux , et d’amoindrir par leurs paroles le bien d’autruy, qu’ils estiment infiniment. Phillis sans repliquer passa outre, et vint vers les deux bergeres, ausquelles elle usa d’abord tant de reproches, qu’il sembloit qu’elles luy eussent fait une tres-grande offence. Et parce que Diane rejettoit le tout dessus Astrée, et qu’Astrée ne s’en pouvoit bien excuser, Silvandre prenant la parole toutes deux, et s’adressant à Diane, luy dit : Considerez, ma maistresse, comme amour est prudent, et avec combien de sagesse il conduit les actions de ceux qu’il luy plaist. Vous avez creu jusques icy que Phillis vous aimoit, et je ne sçay qui n’y eust esté en quelque sorte deceu par ses faintes. Amour qui recognoist l’interieur des ames, à fin de vous destromper, a esté cause que vous m’avez favorisé de ses cheveux, non pas seulement pour marque de mon affection, mais encore pour faire descouvrir à cette trompeuse, la fausseté de la sienne par sa jalousie ; car s’il est impossible que deux contraires soient en mesme temps en mesme lieu, il l’est encores plus que l’amour et la jalousie soient en mesme