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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/200

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Il n’y a pas presque un moment que vous estiez glorieuse de la faveur avec laquelle je vous avois preferée à Silvandre ; et voilà qu’incontinent cette opinion estant changée, vous vous plaignez du contraire, en sorte que j’y bien à craindre, que vostre amitié de mesme ne soit toute en opinion. – Et comment, ma belle maistresse, dit Silvandre, en pourriez-vous douter, puis qu’elle ne dit pas un mot qui ne vous en rendre tesmoignage ? Ne voilà pas une belle amour que la vostre, Phillis, qui vous fait trouver les action de vostre maistresse mauvaises ? – Et si elles sont à mon desadvantage, dit la bergere, voulez-vous que je les trouve bonnes ? Il faudroit bien estre sans sentiment ! – Non pas cela, repliqua Silvandre, mais avoir plus d’amour que vous n’avez pas. Et quoy ! ne voudriez-vous point que Diane se conduisit à vostre volonté ? – Pleust à Dieu, dit-elle, j’aurois pour le moins autant d’avantage sur vous, qu’il semble qu’elle vous en donne sur moy. – Mais si cela estoit, adjousta le berger, dites-moy, Phillis, qui seroit de vous deux la maistresse, et qui le serviteur ? En verité, bergere, je ne pense pas que vous ayez esté esgratignée de la moindre de toutes les armes d’amour. Astrée qui escoutoit leur different sans parler, fut en fin contrainte de dire à Diane : Je pense, sage bergere, qu’en fin ce berger ostera du tout la parole à Phillis. – Mais plustost l’amour, respondit Silvandre,