Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/215

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au haut de cette tour ; et parce qu’il estoit en peine de qui son compagnon estoit amoureux (car il cognoissoit bien que ces solitudes, et ces longues pensées ne pouvoient procéder d’autre chose que d’amour) il monta les degrez le plus doucement qu’il peut, et trouvant la porte entrouverte, il le vit accoudé sur la fenestre qui regardoit du costé des Sebusiens, tellement ravy en ses pensées, qu’il n’eust pas ouy tonner, tant s’en faut qu’il eust peu prendre garde au bruit que fit Hylas en ouvrant la porte et en entrant.

Et de fortune il parloit alors si haut que Hylas peut ouyr ces paroles.

Sonnet

IL PARLE AU VENT


Doux Zephir que je. vois errer folatrement
Entre les crins aigus de ces plantes hautaines.
Et qui pillant des fleurs les plus douces haleines.
Avec ce beau larcin vas tout l’air parfumant.

Si jamais la pitié te donna mouvement,
Oublie en ma faveur icy tes douces peines,
Et t’en va dans le sein de ces heureuses plaines.
Où mon malheur retient tout mon contentement.