Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/216

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Va, mais porte avec toy les amoureuses plaintes
Que parmy ces foresis fay tristement empraintes,
Seul et dernier plaisir entre mes desplaisirs.

Là tu pourras trouver sur des levres jumelles
Des odeurs et des fleurs plus douces et plus belles :
Mais rapporte-les moy pour nourrir mes desirs.

– Je vous y prends, Clorian (dit Hylas, luy jettant les bras au col, et le baisant à la joue) je confesse que vous estes le plus secret amoureux qui fut jamais, mais si ne pouvez vous plus vous cacher à moy. – Ny en ceste occasion, dit Clorian, apres l’avoir quelque temps consideré, ny en nulle autre, je ne me cacheray jamais à vous. – Je le recognoistroy bien, luy dit Hylas, si vous m’avouez librement ce qu’aussi bien je sçay desja. – Et qu’est-ce, respondit-il, que vous voulez sçavoir de moy ? – Je ne vous demande plus, repliqua Hylas, quel est vostre mal, mais seulement de qui il procede. – Ah ! Hylas, dit-il, avec un grand sous-pir ; vous avez raison de ne me demander point quel il est, car vous le jugerez assez, quand vous sçaurez qui en est la cause. Et pleust aux dieux que vous puissiez aussi bien m’y rapporter du soulagement, comme j’en desespere, et comme librement je satisferay à vostre curiosité.

Et à ce mot, s’estant assis sur un petit lict, et