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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/219

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vous dira qu’elle ne veut point qu’on luy parle d’amour, qu’elle faindra d’estre en colere, et de ne vouloir plus parler à vous ; mais continuez seulement, et si vous y estes, bien assidu, soyez asseuré que vous l’emporterez. Lors qu’elles nous font ces responces, et qu’elles reffusent l’affection que nous leur presentons, elles me font ressouvenir de ces mires; qui ayant visité les malades, refusent, en tendant la main, l’argent que l’on leur presente.

J’ay plus d’aage que vous, j’ay un peu couru du monde, et sur tout,j’en ay aymé plusieurs ; cela me donne l’authorité de vous en , parler plus librement, et vous ne le devez point trouver mauvais. Soyez certain que. jamais honteux amant n’eut belle amie, et que c’est fait de l’amoureux qui est respectueux. Il faut que celuy qui veut faire ce mestier, ose, entreprenne, demande, et supplie, qu’il importune, qu’il presse, qu’il prenne, qu’il surprenne, voire qu’il ravisse. Et ne sçavez-vous, Clorian, comme la femme est faite ? Escoutez ce qu’en dit ce grand oracle, qui de nostre temps a parlé delà les Alpes.


Madrigal