Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/220

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Elle fuit, et fuyant elle veut qu’on attaigne :
Refuse, et refusant veut qu’on l’ait par effort :
Combat, et combattant veut qu’on soit le plus fort :
Car ainsi son honneur ordonne qu’elle feigne.

Celuy qui n’a pas le courage de vivre de cette sorte, conseillez-luy seulement qu’il prenne un autre mestier que celuy d’amour, car il n’y fera jamais son profit. Je veux donc conclure, que non seulement vous devez avoir la hardiesse de luy declarer vostre intention, mais devez esperer pour certain qu’elle vous aymera, pourveu que vous l’aymiez.

Je ne sçaurois, gentil berger, vous redire au -long les conseils, ny les raisons de Hylas ; car, à ce que j’ay depuis sceu par Palinice, à qui son frere les a plusieurs fois racontées, il se faisoit bien paroistre maistre passé en semblables choses. Tant y a que la conclusion fut, d’autant que Clorian n’avoit pas la hardiesse de declarer à cette belle fille l’affection qu’il luy portoit, qu’aussi tost qu’elle seroit de retour (ce qui devoit estre dans peu de jours) Hylas en porteroit