Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/221

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la parole. Ce qu’il accepta librement de faire, parce, disoit-il, qu’il s’en obligeoit deux en un coup, à sçavoir Clorian en luy rendant ce bon office, et Circéne en luy portant de si bonnes nouvelles. II advint donc que quelque temps apres, ma compagne retourna en la ville, et quoy que la mort de son pere l’eust contrainte de porter le dueil, et que la tristesse de son ameaccompagnast fort bien l’habit qu’elle avoit, si est-ce que ce desplaisir n’avoit point amoindry sa beauté, tant s’en faut, il luy avoit adjousté je ne sçay quelle douceur au visage, qui esmouvoit tous ceux qui la voyoient, et d’amour, et d’une certaine attrayante compassion, qui la rendoit beaucoup plus agreable.

Hylas, pour satisfaire à ce qu’il avoit promis, ne sceut pas plustost son retour qu’il chercha curieusement les moyens de la voir, à quoy Palinice luy servit beaucoup, parce que son frere l’en avoit priée. Elle qui ne sçavoit point leur dessein, et qui croyoit que ce ne fust que par curiosité, fut bien aise de contenter son frere, quoy qu’il luy faschast fort de trainer cet homme apres elle. Et de fortune il se presenta une bonne occasion, car la mere de Circéne voulant faire quelque sacrifice aux dieux Mânes pour son mary, y convia Palinice, comme l’une de ses meilleures amies : elle y alla, et avec elle Hylas.

Mais voyez s’il n’est pas aussi bon amy, que fidelle amant : il ne revit pas si tost Circéne qu’il en devint