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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/224

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Palinice fit pour vous ? – Elle me sauva la vie, respondit-il, lors que ma curiosité m’engagea dans le temple, la nuict avant la feste de Venus, et que vostre veue m’y retint plus que je ne devois. – Je n’ay point de memoire, dit Circéne, de vous y avoir veu. – Cela, repliqua Hylas, ne m’empesche pas que je ne vous ayme, et qu’au lieu d’assister à vostre sacrifice, comme j’ay pensé de faire, vous n’assistiez à celuy qu’amour vous fait de moy ; en quoy toutesfois je m’estimeray bien-heureux si j’acquiers quelque part en vostre amitié. – Je voy, dit-elle, que vous estes estranger,-et que vous ne me cognoissez pas, et croy encores mieux que mon amitié vous est fort indifferente.

Et à ce mot, elle se tourna d’un autre costé, et il luy advint à propos qu’une de ses compagnes entra dans le temple, à laquelle feignant de quitter sa place par courtoisie, elle se retira au plus pres de sa mere qu’elle peut ; et durant tout le reste du sacrifice elle rie voulut s’approcher de luy. Mais Hylas n’estoit as homme pour s’arrester en si beau chemin. Il trouva donc par le moyen de Palinice, celuy d’entrer chez Circéne, et pour conclusion s’y rendit si familier, faisant tousjours croire à Clorian que c’est oit à son occasion, qu’il demeuroit plus avec elle qu’en tout autre lieu. Mais ce n’estoit pas assez pour l’humeur d’Hylas de tromper son amy, et d’aymer Palinice et Circéne, si un soir