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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/225

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que nous nous allasmes promener contremont l’Arar, il ne m’en eust dist autant qu’aux autres, sans qu’il eust presque cognoissance de mon nom.

Hylas qui est oit aux escoutes, comme je vous ay dit, ne peut s’empescher, quoy que ce fust contre son dessein, de se monstrer à elle, et de luy dire tout à coup : Et quoy, belle Florice, avez-vous opinion que ce fust de vostre nom que je fusse amoureux ? Hylas se repentit bien de s’estre fait voir sans y penser, mais ces estrangeres furent bien plus estonnées, le voyant paroistre tant inopinément ; quoy que d’abord elles le regarderent par deux fois, avant que de le recognoistre, à cause du changement d’habits.

Mais Astrée en fut tres-ayse, qui s’ennuyoit infiniment que le long discours de cette estrangere luy retardast le contentement qu’elle esperoit de la fin de son voyage. Elle fit semblant toutes-fois d’en estre bien marrie, afin de faire comme les autres, qui tous ensemble se firent voir.

Au contraire Hylas, feignant d’avoir interrompu à dessein Florice, s’en courut l’embrasser, et puis salua les autres deux, et en fin retournant vers elle : Et bien, belle discoureuse, dit-il, ne cesserez-vous jamais de renouveller mes playes ? – J’avois opinion, dit-elle, de chanter vos louanges ; et depuis quand les estimez-vous autres ? – J’ay de tout temps, dit-il, accoustumé