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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/226

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d’appeler chaque chose par son nom : et n’est-ce pas reblesser que de remettre le fer dans des vieilles cicatrices ? Et y a-t’il un fer plus trenchant que la veue de vos beautez, et le souvenir de mes premieres amours ? – O ! dit Florice, l’offence n’est pas grande, si je ne vous fay que cette playe, et vous ne devez pas avoir peur d’en mourir, puis que vous en sçavez de si bons remedes. Cela seroit bon, respondit Hylas, si toutes les lesseures se guerissoient par des remèdes semblables. Mais n’entrons point si tost en ce discours, et me dites quel bon dessein vous conduit en ce lieu. – Ce n’est pas, respondit Florice, celuy de vous y voir. – Si vous estiez, adjousta Hylas, aussi courtoise que vous m’estes obligée, cette consideration auroit bien assez de force pour vous y conduire, vous ayant assez fait de services à toutes pour vous laisser la volonté de me revoir ; mais je voy bien que j’ay semé une terre ingrate, et qui ne rend pas la peine qu’on y prend. Quelquefois, respondit Circéne, pource que le laboureur est mauvais, et la graine mal choisie et mise hors de saison, le bon terroir rapporte des ronces au lieu du bled ; prenez garde que quelqu’une de ces choses ne soit cause de l’infertilité dont vous-nous blasmez.

– Je sçay bien, dit-il, Circéne, que comme vous avez tousjours eu beaucoup de beauté pour vous faire aimer, de mesme vous n’avez jamais