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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/236

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Phillis, que l’amour que vous leur avez portée, et la satisfaction dont vous parlez, ne vous pressent gueres, car puis que vous ne les aymez plus, que vous peut importer de les avoir, ou ne les avoir pas aymées ? – Et quoy, ma belle maistresse, repliqua Hylas, vous n’estimez donc point les contentements qui sont passez ? – Si mon bien ne continue, dit Phillis, le souvenir de ne l’avoir plus m’afflige, et ne m’en laisse rien que du regret. – De sorte, continua Hylas, que les services, qu’on vous a faits, huict jours apres sont mis à neant : voilà qui ne va pas mal pour Hylas!

Silvandre prenant la parole pour Phillis : Vostre maistresse, luy dit-il, ne parle pas des services, mais des contentemens receus ; et avant que de vous en plaindre, il faut sçavoir d’elle si vos ser­vices sont mis en ce rang. Hylas respondit : Ceux qui se defient de leurs merites peuvent entrer en cette doute, comme vous, mais non pas moy, Silvandre, qui sçay que toute amour ne se peut payer que par amour, et que celle à qui j’ay adressé la mienne, a trop d’esprit pour ne la recognoistre, et trop de jugement pour ne l’estimer.

Le berger vouloit respondre lors que Phillis reprit la parole : J’estime Hylas, dit-elle, comme je dois, et je recognois ses merites pour estre tres-dignes d’estre aymez, et ne faut pas qu’il pense que je perde la memoire de ses services, car continuant de m’aymer, ils seront tousjours