Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/241

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ay aymées jusques icy que de faillir envers elle.

Vous avez desja sceu le subjet qui me sortit de Camargue, quel fut mon voyage jusques à Lyon, pourquoy j’aimay Palinice et Circéne. Et lors que j’ay interrompu Florice, elle vouloit raconter comment elle me surprit ; mais parce qu’elle a oublié des choses qu’il est necessaire que vous sçachiez, je reprendray ce qu’elle a teu finement, et puis je continueray de vous dire le reste de ma vie pourveu que nous ayons assez de temps.

Sçachez bien, ma maistresse, que Clorian à la verité fut tres-mal avisé de me donner charge de parler à Circéne pour luy, puisque ce n’est pas astre bien conseillé de choisir en cela un amy qui soit plus honneste homme que celuy qui l’envoyé, y ayant trop de danger, voire estant presque inevitable, que ce mal-avisé ne demeure amant, et que l’autre ne demeure aymé, parce que si celle à qui l’on s’adresse a de l’esprit, elle recevra tousjours plus-tost ce qui vaut le mieux ; et puis c’est prendre un mauvais lustre que de se servir et accompagner d’un plus honneste homme que l’on n’est pas. Il est certain que quand j’allay avec Palinice trouver Circéne pour Clorian, mon dessein estoit de le servir en amy, et de rapporter tout ce qui’me seroit possible à son contentement. Mais aussi tost que je vis cette Me, je me ressouvins que j’