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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/249

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voyez ce qui en advint.

Il y avoit de fortune une belle fille dans Lyon, qui se nommoit Parthenopé, assez voisine du logis où je demeurois, avec laquelle toutesfois je n’avois jamais eu grande familiarité, et si n’en sçaurois dire la cause, car ce n’estoit pas mon humeur d’avoir de belles voisines sans les visiter. Quand je fus sur les rangs, et que chacun eust dit son avis de nostre entrée dans le champ, les plus curieux voulurent deviner nos devises. Quant à celle de Clorian, il n’y eust celuy qui ne la devinast aisément, le visage de Circéne et l’equivoque du nom la decouvrant assez. Mais pour la mienne, il n’y avoit personne qui en peust venir à bout. En fin, un vieil chevalier qui estoit parmy les dames, sur l’eschaffaut où estoit Circéne, et Parthenopé, et que l’aage dispensoit de vestir le harnois, respondit froidement : II est aisé de descouvrir son intention. Et lors, s’adressant à Parthenopé : C’est pour vous, la belle, luy dit-il, qu’il entre au camp. Elle rougit, car elle se sentoit accusée à tort, et luy respondit comme surprise : Si c’est pour moy, il est vrayment bien secret et dissimulé, puis qu’il ne m’en a rien dit. – Prenez garde, respondit Circéne, qui se sentoit picquée, que vous ne le soyez plus que luy, en le voulant dissimuler mieux qu’il n’a sceu faire. – II m’est aisé, respondit Parthenopé, de dis­simuler une chose que je ne sçay