Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/253

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de mon costé.

Or les prieres, et devotions estant finies, elles sortent hors du temple ; et moy, me semblant que ces dernieres paroles m’obligeoient à les accompagner jusques en leur logis, qui estoit fort proche de ce temple, je pris sous le bras Parthenopé, et par les chemins je sceus l’opinion que chacun avoit eue que je fusse entré au tournoy comme son chevalier. Quant à moy qui estois bien aise de couvrir l’affection que je port ois à Circéne, et qui outre cela n’eusse jamais refusé les bonnes graces de Parthenopé, luy respondis qu’il estoit vray, et que n’ayant osé le luy declarer par mes paroles, j’avois choisi cette voye.

Apres plusieurs discours, et que nous fusmes arrivez en son logis, elle osta son escharpe qui luy couvroit la teste, et la mit sur la table, et puis osta son masque, et tournant le dos au feu, se chauffoit en me parlant. Et je cognoissois bien qu’elle n’avoit point eu desagreable ce qui s’estoit passé, puis qu’elle en renouvelloit tousjours le discours ; et plus je voyois que mon service ne luy desplaisoit point, et plus j’en devenois amoureux. Enfin avant que partir, je pris cette escharpe qu’elle avoit posée sur la table, et me la mis au col, encor qu’elle y fist un peu de résis­tance ; mais je luy dis, qu’estant entré le jour precedent au tour­noy pour elle, sans avoir autre marque d’elle que mon affection,