Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/265

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J’en jure ces desirs que vous me faites naistre,
Bref j’en jure par vous, sans qui je ne veux estre,
Encor ne croirez-vous ce que je vous en dis.

Or, belle Phillis, voicy un grand commencement d’affaires, car depuis que j’eus veu Florice, il me fut impossible de m’en retirer ; et toutesfois il me faschoit fort de perdre Palinice, tant pour l’obligation que je luy avois, que parce que veritablement c’estoit une veufve, qui meritoit d’estre servie. Outre que j’avois desja trop de regret de la perte de Circéne ; car ce jeune esprit ayant esté offencé, se roidit tousjours contre toutes les raisons que je luy peus dire. Et toutesfois, encor qu’elle ne m’aimast point, si ne laissoit-elle pas d’estre faschée que Florice me possedast plus absoluement qu’elle n’avoit jamais peu faire, luy semblant que c’est oit un tesmoignage de son peu de beauté. Et cela fut cause qu’elle me faisoit tous les mauvais offices qu’elle pouvoit, tant envers Palinice, de qui elle avoit recogneu l’amour, qu’envers Florice, pour qui mon affection n’estoit que trop appa­rente. Mais il advint que ses contrarietez me furent utiles, et qu’elle fit plus pour moy que mes services peut-estre n’eussent peu faire de long temps ; parce que Florice recognut inconti­nent que Circéne parloit avec passion, et cela es toit cause qu’elle ne luy adjoustoit point de foy, et au contraire, considerant