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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/266

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mes actions de plus pres, elle commença de les trouver agreables, et peu à peu de s’y plaire. Et lors Amour prenant cette occasion, comme fin et ruzé qu’il est, se glissa insensiblement dans son’ame. Mais parce que je desirois de conserver Palinice, je ne fus pas sans peine.

Et apprens, Silvandre, cecy de moy, dit-il, se tournant vers le berger, qu’il n’y a rien que les femmes estiment d’avantage, que ceux qui sont amoureux d’elles. – Ny qu’elles mesprisent d’avantage, adjousta Silvandre, que ceux qui les délaissent pour quelque autre.

– Ce fut aussi, continua Hylas, cette considération qui me fit résoudre de conserver l’amitié de toutes, s’il m’estoit possible , mais ce fut en vain, d’autant que Florice avoit trop de vanité, et trop bonne opinion de ses merites, pour vouloir un cœur qu’il fallust partager avec quelque autre. Cette ame orgueilleuse voulut estre seule maistresse, et tant qu’elle ne m’aima, guiere, elle le souffrit, mais lors qu’elle resolut de n’aimer que moy, il n’en fallut plus parler. Elle eut bonne grace une fois qu’elle m’as-seuroit de m’aimer. – Maisr luy dis-je, que ferons-nous de Teombre ? (comme voulant le luy reprocher). Elle me respondit incontinent pour me rendre la pareille : Nous le donnerons à Palinice. J’entendis bien ce qu’elle vouloit dire, et dés lors je luy juray de n’aimer jamais que Florice, et que si. elle se vouloit bannir de la veue