Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/267

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de Teombre, je luy promettois de jamais ne regarder Palinice. – Non point, dit-elle, pource que vous m’en dites, mais parce que veritablement il me desplait, je vous jure et proteste par la foy que vous devez avoir en moy, que jamais je ne l’aimeray, et que, s’il estoit bien seant, je me bannirois de sa veue ; mais cette action me blesseroit plus que vous n’en sçauriez avoir de satisfaction, comme vous jugerez bien, lors que vous le considererez. Depuis ce temps, elle se donna toute à moy, et moy, contre mon naturel, me donnay de sorte à elle, que je me retiray de toute autre. Du matin jusques au soir je ne bougeois de son logis, sinon lors qu’elle en sortoit, et faloit bien que ceux qui la venoient visiter, fussent personnes signalées, si nous interrompions nos discours. J’estois en toutes ses parolles, et elle en tout ce que je disois ; et sembloit que nous ne sceussions faire un bon conte sans nous nommer ou nous prendre l’un l’autre pour tesmoin. Jugez si Palinice et Circéne trouvoient subject de parler. Cela fut cause que nous en prenant garde un peu trop tard, presque toute la ville estoit abreuvée de ceste amour. Et d’autant que la renommée prend des forces en allant, on en parloit de sorte au desavantage de Florice, qu’en fin ce bruit parvint à ses oreilles, par le moyen de quelques unes de ses amies