Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/275

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d’or qui la soustenoit, sans qu’il y eust moyen de l’ouvrir, de peur qu’on ne vint à descouvrir mon artifice. Et puis m’acostant d’une vieille femme qui gagnoit sa vie à porter vendre des dorures et pierreries dans les maisons particulieres, je luy fis entendre que j’avois envie de tirer de l’argent de ce miroir, et qu’elle me feroit plaisir si elle sçavoit quelqu’une de ses amies qui le voulust, je le luy laisserois à quelque prix que ce fust. Elle me respondit que jamais les choses qui se faisoient à la haste n’estoient bien, que toutesfois elle tascheroit de m’y servir. De cette sorte elle s’en va avec mon miroir. Mais elle ne fut pas plustost sortie de mon logis que je la renvoyay querir, luy disant, que quand elle n’en trouveroit pas la moitié de ce qu’il valoit, elle le donast, d’autant que j’estois pressé. – Mais avant que de porter ailleurs, allez chez Arcingentorix, luy dis-je, j’ay sceu qu’il a une fille qu’il aime fort ; peut-estre sera-t’il bien aise de luy faire ce present. – Je vous jure, me respondit-elle, que c’estoit à luy à qui je faisois dessein de le presenter avant qu’à tout autre, parce qu’il y a long temps que je frequente en sa maison. – Or, luy dis-je, allez donc, et avant que de le porter ailleurs, sçachez moy dire ce que le pere ou la fille en voudront