Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/285

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rien de plus cher que Florice, et que toutefois je ne laissois pas d’aymer Dorinde, et de me plaire en sa compagnie, et mesmes aux faveurs que je recevois d’elle, bien tost apres j’usay d’une si grande recherche, que tout ainsi que cette derniere recevoit des lettres de moy, de mesme m’en escrivoit-elle ; et soudain je les portois à Florice qui les lisoit et les gardoit soigneusement.

A ce mot, Hylas voyant que Silvandre s’approchant de Diane, luy disoit quelque chose à l’oreille, et qu’apres ils sousrioyent ensemble, interrompit le fil de son discours pour respondre à ce qu’il eut opinion qu’il avoit dit. Vous riez, luy dit-il, Silvandre, de ce qu’aimant Florice, toutefois je me plaisois aupres de Dorinde. Vous en pouvez faire de mesme de ceux qui esloignez de chez eux, passent les nuits entieres dans les logis où leurs journées s’adressent. Car si je rencontre le long du chemin qui me conduit aux felicitez de Florice, quelque contentement ou soulagement en la veue et conversation de Dorinde, contreviendray-je aux lois de la raison si je les reçois, et vostre austerité desnaturée ordonnera-t’elle que je refuse le bien que les dieux m’envoyent ? Et parce que Silvandre, pour ne l’interrompre, ne voulut point respondre, Hylas