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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/287

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il quelques jours que je ne luy en avois point donné, et dés lors se figurant qu’elle estoit trompée, resolut de me les desrober. Et parce que je n’y prenois pas garde, elle les prit fort aisément dans ma poche, cependant que je parlois aux autres, qui mesme faisoient tout ce qu’elles pouvoient pour m’abuser, et luy donner plus de commodité de faire son larcin, ayant opinion que ce n’estoit que pour me les faire chercher. Elle les prit donc si dextrement que je n’en sentis rien, et les ayant cachées : Quand je m’en seray allée, dit-elle à une de ses compagnes, vous luy pourrez faire savoir que je les ay prises, si vous voyez qu’il en soit trop en peine. Ce qu’elle disoit pour m’en donner d’avantage.

Elle partit incontinent, et ne fut plustost arrivée en son logis, que se renfermant dans son cabinet, elle les jetta toutes sur la table, et trouva qu’il y en avoit cinq, dont les unes paroissoient fraischement escrites, et les autres de plus longue main. La premiere qu’elle prit, qui toutesfois estoit la derniere escrite, se trouva telle :

Lettre de Dorinde à Hylas