Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/302

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repliqua-t’elle, par vostre commandement, et non pas de ma volonté ; et je croyois que vous me donneriez du temps à y penser et à m’y resoudre. – C’est bien pensé à vous, dit-il tout en colere, vous sçavez bien comme telles affaires se conduisent. Je voy bien que vous avez beaucoup fait de mariages en vostre temps, resolvez-vous que les choses estant de cette sorte avancées, je veux qu’elles se parachevent. Et quoy donc ? vous voulez estre encore servie, et donner occasion à chascun de faire contes de vous ? Voulez-vous pas avoir d’avantage de loisir pour me rapporter encor un peu plus de honte ? Non, non, contentez-vous, Florice, que j’ay rougy pour vous quand vos parents m’avertirent de vostre vie, et que je ne veux plus que cela m’advienne si je puis. Et, à ce mot, la laissant seule, s’en alla trouver sa femme qui ayant sceu tous ces discours, vint vers elle toute en colere, et luy usa de parolles beaucoup plus rudes encores que son mary, luy faisant entendre pour conclusion qu’il n’y avoit rien qui peust empescher l’effect de ce mariage, que la mort, et qu’elle s’y resolust. Voilà la pauvre Florice la plus affligée qui fut jamais ; car outre qu’elle se voyoit privée me moy, par surcroit d’ennuy, elle se voyoit entre les mains d’une personne qu’elle n’avoit jamais aymée, et qu’au contraire, elle hayissoit plus que le tombeau. Jugez